La saturation des plus grands réseaux électriques africains liés aux problèmes de stabilités générés par le déploiement de projets éoliens confirmera la nécessité de développer une approche technologique globale mieux intégrée. Étant donné que cette région est située en périphérie de l'un des plus grands réseaux électriques au monde (réseau Européen), son potentiel en énergies renouvelables devrait pouvoir générer d'importantes quantités d'électricité éolienne. Produites à coûts compétitifs, cette électricité peut alimenter un marché énergétique régional significatif. Pour en arriver là, un effet d'échelle est nécessaire. De ce fait, le déploiement de mécanismes visant à intégrer cette énergie localement dans la transformation décarbonée du minerai de fer en acier et de phosphates en fertilisants peut s'avérer utile, voire indispensable au développement de solutions énergétiques durables.
En sus du transfert lié au projet Sahara Wind à travers sa ligne Haute Tension à Courant Continu, des synergies apparaissent dans les mécanismes de stockage d'énergies renouvelables intermittentes. Ceux-ci restent néanmoins tributaires aux procédés couramment utilisés. En prenant en considération les perspectives de stockage électrochimiques, la plupart des procédés actuels de production d'hydrogène sont se basent des techniques de reformage d'hydrocarbures. Lorsqu'ils ne sont pas associés aux technologies de séquestrations de carbone, ces procédés nécessaires à la fabrication de fertilisants et la désulfuration de carburants avec un très grand potentiel pour décarboner la production d'acier (responsable de 8% des émissions globales de CO2) émettent plus de 7 tonnes de CO2 par tonne d'hydrogène produite. Dans ce contexte, la synthèse de l’ammoniac qui consomme plus de 2% de la demande énergétique globale s’insère dans la production de fertilisants. Celle-ci représente la principale utilisation de l’hydrogène dans le monde.
Etant donné que près de 70% des réserves mondiales de phosphates (utilisés à 90% comme fertilisants) émanent des courants marins induits par les vents alizés sur l'Océan Atlantique, leur transformation à travers des procédés synergiques intégrés produisent de l’hydrogène. Par voie de stockage, l’accès aux énergies renouvelables est ainsi amélioré. En effet, le recours aux technologies d'électrolyse pourrait s'avérer essentiel dans la stabilisation les réseaux électriques faibles de la région, afin d'en optimiser leur fonctionnement. Ces systèmes, permettant une gestion plus flexible des réseaux, sont actuellement en phase de test au sein des Universités partenaires du Projet 'Sahara Trade Winds to Hydrogen'. Ils permettent à travers l'optimisation des flux énergétiques et un système de stockage par hydrogène renouvelable, un meilleur accès à la ressource éolienne. Celle-ci serait alors intégrée par le biais de synergies industrielles à des réseaux électriques flexibles, capables de générer une plus haute valeur ajoutée locale. En conséquence et avec le Maroc, l'Allemagne développe la première unité industrielle d'hydrogène vert en Afrique.
Cette technologie peut être répliquée à grande échelle sur les champs éoliens désertiques du Maroc au Sénégal. En coproduisant simultanément de l'électricité et de l'hydrogène dans un système énergétique propre, durable et intégré à une transformation plus efficiente en ressources, des problèmes environnementaux significatifs sont ainsi résolus.
Dans ce contexte, l'avènement d’une industrie éolienne inclusive, visant à alimenter les industries de transformation minérales de la région est envisageable. Le recours à ces technologies génère de la valeur ajoutée locale. Cette approche représente donc un enjeu principal, inhérent au déploiement de systèmes énergétiques durables. Ce levier complémentaire permet d'appuyer le développement en phases successives de la ligne HVDC du projet Sahara Wind, en contribuant à son équilibrage opérationnel.